2011: le basculement et l'intervention militaire


Chronologie 
  • 15 février : Mouvement de protestation contre le régime violemment réprimé à Benghazi, début d'une insurrection armée.
  • 27 février : Création par l'opposition du Conseil national de transition (CNT)
  • 17 mars : Résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies autorisant le recours à la force pour protéger les civils
  • 18 mars : Offensive aérienne d'une coalition multinationale contre les forces pro-Kadhafi.
  • 31 mars : L'OTAN prend le commandement de l'opération, baptisée "Protecteur unifié".
  • 27 mai : La Cour pénale internationale lance un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité contre Kadhafi, son fils Seif al-Islam et le chef des renseignements du régime.
  • 21 août : La rébellion entre dans Tripoli.
  • 20 octobre : Les nouvelles autorités annoncent la mort de Mouammar Kadhafi, capturé et gravement blessé à Syrte (est), sa ville natale.

Le rôle des principaux bélligérants


La France, le Royaume-Uni, les États-Unis ainsi que plusieurs autres pays européens dont l'Italie, stratégique par sa position géographique, participent aux opérations aériennes en Libye. Les îles italiennes et françaises ainsi que Chypre et la Crète de par leur voisinage ont donc servi de bases pour les forces de la coalition.




L'Italie a donc mis à disposition sept bases sur son territoire et engagé des chasseurs-bombardiers utiles dans la neutralisation de radars et de système de défense anti-aérien. Quatre bases ont largement été utilisées par la coalition : Trapani et Sigonella en Sicile, Gioia del Colle dans les Pouilles (sud-est de l'Italie) et Decimomannu en Sardaigne

La France en pointe de l'opération. "Il est clair que la France assure le leadership de l'action militaire dans l'espace aérien libyen" (premier ministre belge). En effet, Paris a été à l'origine de la mobilisation diplomatique, et c'est le président français qui a annoncé seul le lancement de l'opération militaire. La France, a été la première à intervenir le samedi 19 mars, avec "une vingtaine d'appareils", selon l'état-major français.

Les Etats-Unis assument la "coordination" des opérations.  Les Américains ont tiré la majorité des missiles lancés contre des sites de défense anti-aérienne. Ils ont également envoyé depuis les Etats-Unis des bombardiers furtifs à l'assaut d'aéroports et des avions de chasse contre les forces du colonel Kadhafi. Ces avions étaient stationnés à la base de Sigonella en Sicile.

Le Royaume-Uni a fourni des avions précieux pour la reconnaissance et la surveillance aérienne.

L'ONU a donné son accord pour l'intervention la rendant ainsi légitime.


L'OTAN est d'abord venue « en soutien » de l'intervention de la coalition internationale jouant un « rôle d'appoint » mais dès le 31 mars 2011 (soit deux semaines après le début des opérations), l'ensemble des opérations sont conduites par l'OTAN.





Basculement de la position italienne


Reniement du traité de 2008
L'Italie a montrée de forte réticences avant qu'elle ne renie le soutien inconditionnel qu'il accordait au régime du colonel Mohammed Kadhafi et ne le remplace par des préparatifs d'intervention militaire. En effet, Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, n'était pas favorable à une intervention par crainte de faire perdre à la péninsule sa position de partenaire privilégié et par peur des répercussions en matière d'immigration. 
Espérant que le colonel parviendrait à reprendre le contrôle du pays, le gouvernement italien avait initialement adopté une attitude circonspecte. Cependant, une fois qu'il fut clair que la classe ouvrière prenait de l'assurance et que les champs de pétrole risquaient de tomber sous le contrôle des travailleurs, le gouvernement de Berlusconi a cherché à forger de nouvelles relations avec les couches de la bourgeoisie qui seraient capables de garantir la poursuite des relations économiques qui bénéficient au capital italien.
C'est ce qui a motivé la suspension du traité d'amitié par le Premier ministre italien Franco Frattini le 28 février. L'agence de presse italienne ANSA a rapporté que Frattini a été très clair sur le fait que Kadhafi ne contrôle plus les raffineries et que  « l'Italie a établi des contacts avec le nouveau Conseil national libyen. »
Le traité de 2008 a établi un accord de non-agression entre les deux pays. L'Italie s'en est rapidement dégagée unilatéralement, bien consciente qu'étant donné sa situation stratégique au cœur de la Méditerranée et juste au Nord de la Libye, l'intervention internationale contre la Libye nécessite sa participation.


Gel des avoirs
Les uns après les autres, les États prennent des dispositions pour geler les avoirs libyens. A la demande de la Banque centrale d’Italie, une vaste opération de contrôle des avoirs libyens a commencé le mercredi 3 mars 2011 dans les banques italiennes. Elles doivent alerter en cas de mouvement suspect sur les comptes du dirigeant libyen et de son entourage. L’Italie est, en effet, l’un des principaux bénéficiaires des investissements libyens en Europe. Le montant des participations de Tripoli dans ce pays s’élève à 3,6 milliards d’euros.




Vision italienne de l'intervention française


Nicolas Sarkozy a été le premier à été le premier à reconnaître juridiquement les insurgés de Benghazi et à annoncé une attaque rapide contre le régime de Kadhafi. 
Beaucoup, et notamment nos voisins transalpins, se sont demandés si la politique étrangère de l'Elysée, au-delà de défendre les citoyens libyens et de faire chuter un dictateur, n'avait pas des motivations d'ordre économique et politique. En effet, certains pensent que l'intervention aurait eu pour but de redonner de la popularité à la politique étrangère française et à travers elle au président -qui se trouvait à un niveau historiquement bas dans les sondages-avec en ligne de mire l'élection présidentielle. 
D'autres sont encore allés plus loin en émettant l'hypothèse que Sarkozy, aurait vu en cette intervention un moyen de montrer à son électorat qu'il mène une politique d'immigration forte et fait tout pour éviter les flux illégaux  de migrants venus d'Afrique du Nord.
De plus, le choix du président français de soutenir le CNT est vu comme stratégique: il positionne la France en tête quant aux futurs choix commerciaux de la Libye évitant de se trouver derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne mais surtout "volant" à l'Italie sa position de partenaire privilégié. Ainsi, l'intervention française n'aurait pour les Italiens eu qu'un but purement économique sous prétexte d'aider "un peuple soumis à la dictateur d'un tyran". La prise de position française a déclenché l'implication des autres pays européens et des Etats-Unis. De fait, l'impression, de l'autre côté des Alpes, est que le rôle de la France a été d'allumer la mèche qui a fait exploser une réaction internationale. Les propos de la ministre de la défense italienne Ignazio La Russa illustrent bien ce sentiment: elle a affirmé que l'intervention de « Rome a été décisive, avec l'aide de ses services secrets, dans la chute du régime de Kadhafi et qu'elle a fourni une aide humanitaire très concrète à la population, alors que la France s'est contentée d'envoyer un avion rempli de drapeaux, pour faire de la propagande ».


En outre, le très sérieux quotidien (il est vendu à plus de cent mille exemplaire chaque jour) italien Libero a affirmé -dans son édition du 23 mars 2011- que l'intervention française aurait été préparée et non une "réaction épidermique et spontanée". En effet, cet article dévoile que les services français auraient organisé la chute du colonel depuis octobre 2010. Cette révélation n'est pas saugrenue dans la mesure où le directeur-adjoint du journal cite des faits, des noms et des dates précis comme par exemple le récit détaillé du voyage officieux de l'ex-bras droit du Guide en France qui aurait servi de levier au projet des autorités françaises. De plus, on suppose qu'une des source du journal serait les services italiens eux-mêmes. Cet article n'est pas le fruit d'une rancœur de la presse italienne et de l'Italie plus généralement face à l'"arrogance" française; de fait un des plus grands quotidien allemand, le Frankfurter Allgemeine Zeitung a publié moins d'une semaine plus tôt que des préparatifs étaient en cours avant même l'éclatement des premiers troubles à Benghazi.



perception de l'action par les citoyens (sondage Ipsos-Le Monde)

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