Du point de vue économique, la Libye apparaît, pour de nombreux pays européen comme stratégique autant pour ses ressources énergétiques que pour le fait d'être un nouveau marché à conquérir.
Depuis que le CNT est
au pouvoir on assiste à une réorganisation en profondeur du développement
institutionnel et économique du pays.
"Les activités de l'ENI en Libye ont déjà repris même
si le problème - dit Federico Riggio, chef de la section « affaires
internationales » de l’Eni - en réalité, ce n'est bien sûr pas la production
d'hydrocarbures qui va être développée, vaste secteur, avec de nombreuses
opportunités d'investissement certes
mais déjà suffisamment avancé. «C’est tout le reste qui doit être développé- souligne Riggio -.
Parce qu’il est vraiment possible travailler dans un climat de partenariat
industriel et politique". Federico Riggio présente les activités de
l'entreprise pétrochimique en Libye, qui remontent toutes à 1959 et se sont
développées au fil des années, en restant fidèle à la «méthode Mattei",
qui prévoit la création d'une « joint-venture » (coentreprise) avec
la compagnie pétrolière nationale libyenne. L'existence d'une telle cosociété a justement
permis au personnel de l’ENI de travailler en étroite collaboration avec leurs
collègues libyens : "la politique - a souligné Riggio - se fait aussi
à travers le dialogue avec les investisseurs. L'établissement de relations, "la
formation du personnel et la construction d’une classe dirigeante", dans
le secteur en question sont autant d’investissements " qui seront par la
suite utiles pour établir de bonnes relations avec le nouveau gouvernement de
transition.
Camporini, vice-président de l'Institute of International
Affairs a déclaré : "Nous, les Italiens avons une position de force:
sans doute notre position géographique et, des aptitudes à la négociation que
nous avons démontrées dans le passé. Le gazoduc de la Libye existe et le gaz ne
va certainement pas s’arrêter de circuler. Mais c’est sur ces points forts que
nous devons construire. "
Néanmoins, les
relations économiques entre l'Italie et la Libye ne semble pas vouloir se
limiter au pétrole et avec une certaine provocation Colitti Marcello,
vice-président de la Chambre italo-arabe de commerce, déplace l'attention vers
d'autres zones d'investissements possibles. "En Libye, l'argent du pétrole
n’existe pas, ne se voit pas. Où va l’argent tiré du pétrole?". Selon Colitti l'Occident devrait proposer à la
nouvelle Libye de transformer sa richesse en infrastructures, en suivant
l'exemple de l'Arabie Saoudite . "La Libye est un membre de l'OME -
rappelle Colitti -, l’Observatoire Méditerranéen de l’Energie, une organisation
fondée il y a plusieurs années, et a
donc la possibilité d'accès à l'expertise européenne et internationale pour résoudre
ses problèmes." Sa présence au sein
de l’OME pourrait contribuer à développer davantage le travail de coordination
entre les différents pays de la côte sud de la Méditerranée en termes
d'énergie, mais aussi de politique. "Si les Libyens participent à cette
structure, il y a une possibilité qu’ils s’impliquent véritablement dans des secteurs tels que l'énergie solaire
dans le Sahara. Même les grandes compagnies pétrolières le disent, les sources
d'énergie alternatives ne sont pas en contradiction avec le pétrole . Une autre
option d'investissement est l'agriculture sur la côte, avec l'avantage d'être
en mesure d'atteindre les marchés riches en peu de temps tels que ceux de
Naples et de Gênes. " Le secteur du tourisme est également à développer,
en mettant l'accent sur d'autres types de richesses du territoire aussi bien
historique que culturelles mais aussi naturelles et environnementales.
Selon Hamdi Osman, ancien directeur de la Fedex Moyen-Orient
et PDG de la société de conseil présente dans tout le Moyen-Orient et en
Afrique du Nord, la période de transition sera cruciale pour établir des
relations et signer des contrats. Patientez jusqu'à la fin de cette période d'incertitude
(qui prévoit, entre autres choses, une réforme fiscale et douanière), en
revanche, serait contre-productif. En affaires, les gros profits correspondent
à de gros risques: si les PME attendent
trop avant d’investir, elles risques de se faire prendre de vitesse et
de laisser passer les meilleurs opportunités ". Parmi les domaines qui ont
dès maintenant besoin d’investissements, Osman relève: les infrastructures, la santé, l'éducation,
la distribution et les services en général. A long terme, d'ailleurs, à ceux-ci vont s’ajouter
le tourisme et les investissements dans les ports et les aéroports, ce qui
pourrait faire de la Libye la
"porte de l'Afrique".
A propos du rôle des institutions italiennes, Osman conclu
en déclarant que «les institutions comme les chambres de commerce peut être essentielles,
en particulier en Italie. Actuellement, je ne vois pas assez d’agressivité sur
les marchés. Il est temps que quelqu'un se lève et brandisse le drapeau du Made
in Italy. Et les chambres de commerce peuvent contribuer à ce processus, mais
simplement en regardant le monde des affaires là-bas, avec des gens qui ont de
l'expérience dans le domaine, en fournissant pas simplement des centres d’assistance
".
Si du point de vue des relations économiques, dans un proche
avenir, des développements bilatéraux entre l'Italie et la Libye peuvent être
entrevus, qui nous l'espérons iront
au-delà de l'investissement pétrolifère,
du point de vue de la politique de voisinage de l'UE avec la Libye, la
situation n'est pas aussi rose. «Le gouvernement libyen du colonel Kadhafi n'a
pas participé au processus de Barcelone lancé en 1995, où avait été élaboré le
cadre politique et les relations institutionnelles entre l'Union européenne,
les rives méridionales et orientales de la Méditerranée - a déclaré Matteo
Fornara, directeur la Représentation de la Commission européenne à Milan -.
Plusieurs aspects du partenariat, -de la coopération économique et commerciale
à la promotion des investissements en passant par la culture soutenus par les européens-,
n'ont jamais engagé la Libye qui pour des raisons politiques a décidé de ne pas
participer à ce projet. Cela vaut également pour les plus récents
développements de la politique européenne de voisinage et de ses outils de
soutien. " Ce choix a développé des accords bilatéraux avec les pays de
l'UE plutôt qu’avec l'UE dans son ensemble. "L'absence d'une politique
étrangère commune - continue Fornara - a contribué à cette situation plutôt
fragmenté". En termes stratégiques
et politiques, l'UE espère qu'il sera bientôt entamé des négociations sur un
accord-cadre avec la Libye pour relancer la coopération politique, économique,
sociale et culturelle. "Deux facteurs seront essentiels - pointe Fornara -
pour délimiter le cadre des futures relations, bien que de nombreuses pièces restent
encore à mettre en place pour compléter le puzzle: du côté européen, la lente et
inexorable affirmation des structures qui en sont en train de donner naissance
à une véritable et unique politique étrangère commune. Du côté libyen, l'affirmation
de la démocratie et des droits fondamentaux - droits liés aux droits de l'Homme-,
sur lesquels l'UE demande des garanties, fera progresser les rapports sur tous
les fronts, y compris dans la coopération économique et permettra de rattraper
les retards accumulés. "
Même opinion chez Camporini, vice-président de l'Institute of
International Affairs: «La Libye est un
pays dans cette région. Nous avons essayé de l'impliquer dans le processus de
Barcelone, sans succès, mais également au sein de l'OTAN 5 +5 (5 pays de la
Méditerranée occidentale avec ceux de la partie sud). Les réunions avaient
quelque chose de paradoxal: le référent libyenne en général restait ferme sur
sa position et les réunions se concluaient par un échec total ".
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