Relations italo-libyenne de 1969 à 2010


En 1970, Kadhafi expulse les membres de la communauté italienne demeurés en Libye après l’indépendance (1951) : près de 25 000 descendants de colons italiens sont alors forcés de quitter au plus vite le territoire.
L’administration, l’éducation et le domaine culturel sont intégralement arabisés et plus aucun autre langue que l'arabe n'est autorisée.


Malgré cela, les liens commerciaux restent importants puisque l'Italie reste le principal partenaire de la Libye et cela se concrétise en Août 2008, après plus d'un demi-siècle de tensions diplomatiques entre la Libye et l'Italie, Berlusconi forge une alliance avec Kadhafi en s'appuyant sur un traité d'amitié et de coopération qui établi entre autres les termes d'une relation économique étroite (dédommagement sous forme d'investissements et coopération dans la lutte contre l'immigration clandestine).


La première visite officielle en Italie de Kadhafi a eu lieu en juin 2009, le dirigeant libyen est arrivé à l'aéroport militaire de Ciampino en portant une image d'Omar al-Moktar, le dirigeant de la résistance libyenne contre les colonisateurs italiens, capturé et pendu par les fascistes de Mussolini en 1931. À cette occasion, Berlusconi a parlé d'un « véritable partenariat entre l'Italie et la Libye avec une collaboration très forte dans de nombreux secteurs à commencer par une position commune sur les affaires internationales et une collaboration étroite sur le terrain économique. ». À cette occasion, il a déclaré aux journalistes qu'il avait déjà « rencontré Kadhafi à de nombreuses reprises et formé une amitié sincère et profonde » ; d'ajouter qu'il voyait « en lui une grande sagesse. »



La présence italienne en Libye

L'ancienne puissance coloniale est le premier partenaire commercial de Tripoli : en 2009, l'Italie était le premier débouché des exportations libyennes (20%) et le premier exportateur en Libye, avec une part de marché de 17,5%. 180 entreprises italiennes sont installés sur place ainsi que quelque 1500 citoyens italiens. La Libye constitue un fournisseur majeur de gaz et de pétrole pour l’Italie, dépendante à 90% des hydrocarbures pour son approvisionnement énergétique.
Ces enjeux énergétiques et financiers s’expliquent en partie par la proximité géographique des deux pays, les îles italiennes se trouvant à seulement quelques centaines de kilomètres de la côte libyenne.


ENI (Ente Nazionale Idrocarbure) (filiale en France : Agip)
En contrepartie, des investissements libyens sur son territoire, l'Italie reçoit près du tiers du pétrole extrait en Libye où ENI est le premier producteur étranger. Présente en Libye depuis plus de 50 ans, elle y produit 244.000 barils équivalent pétrole et gaz par jour, soit environ un quart des exportations libyennes. La Libye est donc la principale source de production pour l'ENI, qui est en même temps le principal opérateur. Ainsi, les intérêts d’ENI sont tellement important que le directeur général de la compagnie a fait partie des invités à la réception organisée par Silvio Berlusconi en l’honneur de Mouammar Kadhafi lors d’une visite de ce dernier en Italie l’été dernier.
En 2005, ENI était le premier opérateur international en Libye avec environ 19% de la production annuelle de pétrole du Pays.
En octobre 2007, le groupe pétrolier et gazier italien ENI a signé avec la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) un accord "stratégique" lui permettant de prolonger de 25 ans son contrat d'approvisionnement en gaz et pétrole et prévoyant 28 milliards de dollars d'investissements communs sur 10 ans. Ce nouveau contrat d'approvisionnement en pétrole conclu court désormais jusqu'à 2042, les deux groupes devant par ailleurs investir 28 milliards de dollars sur 10 ans dans des projets pétroliers et gaziers communs. ENI prendra en charge la moitié de ces investissements et devrait consacrer en outre 800 millions de dollars sur 7 ans pour augmenter ses capacités de production.  
Gazoduc Greenstream
Inauguré en 2004, le gazoduc Greenstream, reliant la Libye à la ville de Gela en Sicile, est long de 540km (il s'agit du plus long gazoduc jamais réalisée en Méditerranée). À plein régime il a la capacité de transporter 8 milliards de mètres cubes par an.
Il a été financé et créé conjointement par l'ENI (Italie) et la NOC (National Oil Corporation ; Libye) à participation quasiment égales. Le projet, la Western Libyan Gaz Project, dont a fait partie ce gazoduc comprenait également la station de compression de Mellitah et le terminal de réception de Gèla. Les travaux de construction ont duré près de huit mois et ont été confiés à une filiale d'Eni, Saipem

D'autre part des entreprises italiennes ont été sélectionnées pour de juteux contrats (universités notamment pour Impregilo, sécurité et ferroviaire pour Finmeccanica, autoroute...) et UniCredit a pu pour ouvrir une filiale en Libye.

Entreprises italiennes présentes en Libye :
  • ENI
  • IMPREGILO
  • BONATTI
  • TECHINT
  • TECHNIP
  • IVECO
  • CALABRESE
  • TELECOM ITALIA
  • SIRTI
  • ANSALDO



Le rôle d'investisseur de la Libye en Italie

L'intérêt de la Libye a toujours été intense pour l'économie italienne. Cela a commencé en 1976 quand les Libyens débarquèrent en Italie pour acheter parts de la Fiat. Depuis la liste des sociétés italiennes qui ont, ou ont eu, à l'intérieur de leur actionnariat des groupes libyens, n'a fait que s'allonger. De la mode aux télécommunications, en passant pour l'automobile et le football, la Libye, a souvent considéré les entreprises italiennes comme un terrain fertile dans lequel investir. Ainsi, avant le conflit, la valeur des participations détenues par la Libye en Italie s'élève en tout à 3,6 milliards d'euros. La banque LAFICO (Libyan Arab Foreign Investment Company)dénue par le colonel constituait jusque là l'investisseur le plsu actif dans la Péninsule.

FIAT
L'automobile a donc été le premier secteur à voir arriver des investissements libyens à travers sa plus grande entreprise : la FIAT. Ainsi, en 1976, la banque LAFICO en acquiert 9,7% du capital.

UNICREDIT
La Libyan Investment Authority (LIA) possède 2,594% des parts de la banque italienne. La banque centrale libyenne dispose pour sa part - via la Libyan Foreign Bank qu'elle contrôle - d'une participation de 4,613% d'UniCredit, globalement la Libye détient donc globalement 7,1% du capital de la banque.
En octobre 2008, alors que la banque italienne traversait une période difficile, en pleine crise financière, la Banque Centrale libyenne, le fonds souverain libyen Libyan Investment Authority et la Libyan Foreign Bank étaient montés à 4,23% du capital d'Unicredit.
La Libye devenait alors le deuxième actionnaire de l'établissement financier, derrière la fondation Cassa di Risparmio di Verona, laquelle détenait à cette date 5,009%.
La Libyan Foreign Bank était d'ores et déjà présente dans le capital d'UniCredit depuis 1997, à travers son investissement dans Banca di Roma, laquelle a été absorbée depuis par UniCredit. L'établissement libyen détenait une participation de 0,56 % avant l'opération de 2008.

ENI
L'entreprise constitue un partenaire historique et LAFICO en est un des actionnaires.

FINMECCANICA
La LIA détient par ailleurs depuis fin janvier 2,01% du groupe d'aéronautique et de défense Finmeccanica, contrôlé par l'Etat italien.
La Libye détient également environ 0,5% du groupe pétrolier ENI. Fin 2008, Tripoli avait même affirmé son intention de prendre de 5 à 10% d'ENI mais cela ne s'est finalement pas fait.

MODE
Jusqu'à sa faillite en 2005, LAFICO a détenu une par importante (15%) de la holding Finpart qui regroupe les maisons Frette, Cerruti et Moncler. Elle y est était également influente de part sa place au conseil d'administration de la filiale Olcese ainsi que grâce ses parts dans cette entreprise s'élevant à presque un tiers.

FOOTBALL
À travers la Libyan Arab Foreign Investment Company, la Libye est également présente dans le capital du club de football (à hauteur de 7,5%). Une participation qui a poussé les organisateur de la Supercoupe d'Italie à la faire jouer à Tripoli en 2002.
Quand il avait une vingtaine d'années, le troisième fils du colonel Kadhafi, Saadi, s'est entraîné avec la Juventus Turin. Il en est ensuite devenu actionnaire. De même, il a été joueur à la Lazio de Rome qu'il a tenté de racheter en 2002, après la chute de l'empire agroalimentaire Cirio, qui la détenait.
Trop gros, trop lent, pas assez fort techniquement, Saadi n'avait pas le niveau pour la 1ère division italienne. Recruté par Pérouse en 2003 pour des raisons de marketing, il n'a jamais percé en quatre saisons de tentatives. Son premier match avait fait sensation dans les médias, mais il n'a foulé la pelouse qu'une fois en deux saisons (2003-2005).


IMPREGILO
De même, Impregilo, premier groupe de construction italien, est un des grands bénéficiaires des bonnes relations bilatérales. En effet, grâce au traité d'amitié et de coopération signé en 2008, l'entreprise, en collaboration avec d'autres sociétés italiennes, s'est vu attribuer le chantier des 1700km d'autoroute devant longer la côte libyenne. Un chantier qui avoisine les trois milliards de dollars.

RETELIT
La Libyan Post détient 14,8% de l'opérateur de télécommunication italien.


La Libye a  également manifesté son intérêt pour le groupe d'énergie Enel ou Telecom Italia mais cela n'a pas été officialisé et l'idée a été abandonnée.


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